L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a enregistré en 2017 plus de 1 300 demandes de protection internationale émanant de ressortissants géorgiens. Alors que le taux de protection est faible et en diminution, et que la Géorgie figure depuis décembre 2013 sur la liste des « pays d’origine sûrs »11, établie par le Conseil d’administration de l’OPFRA12, cette demande est marquée par une augmentation constante depuis juin 2017, plaçant la Géorgie au 18ème rang des pays de provenance en termes de premières demande d’asile pour l’année 2017. Depuis le 1er mars 2011, les ressortissants géorgiens se sont vu accorder des facilités dans la délivrance des visas européens. Une négociation sur la mesure visant à libéraliser les visas a été entamée en 2012, la libéralisation étant effective depuis le 28 mars 2017. En 2012, une première mission de recueil d’informations menée dans ce pays, avec la participation de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), a donné lieu à la rédaction d’un rapport public13. Afin d’actualiser ses connaissances et affiner ses analyses, en 2018 l’OFPRA a décidé de diligenter une nouvelle mission. La demande d’asile géorgienne est caractérisée par la grande diversité des motifs invoqués. Les principales thématiques abordées lors de la mission étaient les suivantes : la question de la nationalité, des passeports et du changement de nom ; la situation des personnes déplacées et celles résidant à proximité de la ligne de démarcation administrative (LDA) avec l’Ossétie du Sud ; l’évolution des politiques sécuritaires et pénales ainsi que des institutions judiciaires et pénitentiaires ; les violences domestiques ; la situation des personnes LGBTI ; celle des toxicomanes, des personnes porteuses du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), de la tuberculose et/ou de l’hépatite C. Dans le but de récolter des informations fiables, objectives et transparentes sur l’ensemble de ces différents sujets, la mission s’est entretenue avec des interlocuteurs variés : acteurs institutionnels nationaux et internationaux, ONG, centres de recherches, think tanks, etc. Elle a pu apprécier la situation qui prévaut le long de la LDA, qui sépare le territoire contrôlé par les autorités géorgiennes de l’Ossétie du sud occupée, en accompagnant une patrouille de la Mission de surveillance de l’Union européenne (MSUE). De même, elle a pu visiter le village de personnes déplacées de Tserovani. La mission s’est également rendue dans différents centres de santé, à Tbilissi et en région, et a pu visiter un centre de crise destiné aux personnes victimes de violences domestiques, situé dans la ville de Gourdjaani, dans la région de Kakhétie. Afin de garantir un meilleur partage de l’information, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a été associée à la mission de l’OPFRA, qui a également bénéficié du soutien de l’ambassade de France à Tbilissi pour son organisation. Le présent rapport vise à rendre compte le plus fidèlement des entretiens qui ont été menés. Il fait également référence aux différents rapports publics édités par les interlocuteurs rencontrés au cours de la mission, ainsi que, dans une moindre mesure, à différentes sources ouvertes référencées. Il ne prétend pas, toutefois, faire le traitement exhaustif des problématiques évoquées.