Rapport de mission en République d’Albanie du 3 au 13 juillet 2013

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En 2012, l’OFPRA a enregistré une hausse substantielle des demandes d’asile émanant de ressortissants albanais, le nombre de primo-demandes étant passé de 309 en 2011 à 1 688 en 2012, soit une augmentation de 446%. Cette augmentation s’est poursuivie à un rythme soutenu au cours de 2013, si bien que pour cette dernière année, 3 288 primo-demandes déposées par des ressortissants albanais ont été enregistrées à l’OFPRA. La forte hausse de la demande albanaise semble due à la conjonction de plusieurs facteurs, à savoir la libéralisation de la politique européenne des visas couplée à des facilités de transport accrues, la crise économique en Grèce et en Italie, pays accueillant traditionnellement de nombreux migrants albanais, et enfi n l’annulation, en mars 2012, de la décision de placement de l’Albanie sur la liste des pays d’origine sûrs. Les motifs invoqués relèvent surtout de la protection subsidiaire, au premier rang desquels les vendettas, mais aussi les violences conjugales, des litiges familiaux et fonciers, ainsi que des problèmes avec des réseaux criminels mafi eux. L’Offi ce reçoit toujours de rares dossiers faisant état de problèmes politiques. Un fait nouveau est l’émergence d’une demande conventionnelle pour motifs ethniques émanant de Roms d’Albanie. Prenant acte de cette hausse importante, l’OFPRA a décidé, dans le courant du premier semestre 2013, l’organisation d’une mission de recueil d’informations en Albanie en y associant la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA). Cofi nancée par le Fonds européen pour les réfugiés (FER), cette mission s’est déroulée du 03 au 13 juillet 2013. Les missionnaires ont séjourné huit jours à Tirana et deux jours dans le Nord du pays, à Shkodër. Cette mission avait pour objectif de recueillir des informations sur les problématiques sociétales invoquées par une grande partie des demandeurs d’asile albanais, à savoir des questions relatives : - au phénomène de la vendetta (réalité, fréquence et modalités, conséquence sur les familles concernées et rôle des pouvoirs publics). - aux violences faites aux femmes (violences domestiques et traite des êtres humains). - à la situation de la communauté rom. - à la situation de la communauté LGBTI (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres et Intersexes). Divers interlocuteurs ont été rencontrés dans le cadre de cette mission, notamment : - des responsables politiques de la majorité gouvernementale et de l’opposition. - des représentants des autorités albanaises et des fonctionnaires issus de diverses administrations. - des représentants de la société civile œuvrant à la promotion des droits de l’Homme. - des représentants d’ONG albanaises spécialisées dans la réconciliation des familles en vendetta. - des représentants d’ONG albanaises et internationales de défense des droits des femmes. - des membres d’associations albanaises défendant les droits des homosexuels. - des membres d’associations albanaises représentant la communauté rom. - des représentants d’organisations internationales en poste à Tirana. Les missionnaires ont également eu l’occasion de rencontrer une famille recluse victime de la vendetta, une institutrice apportant un minimum d’éducation à des enfants non-scolarisés dont les familles vivent cloîtrées pour cause de vendetta ou encore des religieuses côtoyant au quotidien des familles en vendetta. Élaboré à partir des entretiens réalisés sur place, ce rapport synthétise les informations et analyses fournies par ces divers interlocuteurs. Il est complété par des références ponctuelles à des sources publiques, ou à des recherches effectuées par la Division de l’information de la documentation et des recherches (DIDR) de l’OFPRA.