Bien qu’elle ait rejeté la demande d’asile d’un ressortissant éthiopien soutenant être originaire de la zone de l’Ouest Welega, dont les allégations se sont révélées peu crédibles quant aux persécutions dont il a affirmé avoir été victime du fait de ses opinions politiques et insuffisantes s’agissant de sa provenance géographique, la Cour a considéré que l’ouest de la région de l’Oromia connaît actuellement une situation de violence telle qu’un civil y courrait, du seul fait de sa présence, un risque réel de subir des menaces graves contre sa vie ou sa personne sans être en mesure d’obtenir la protection effective des autorités de son pays. Ces menaces sont la conséquence de situations de violence, résultant d’un conflit armé interne, susceptible de s’étendre indistinctement aux civils.
Pour fonder sa décision, la Cour s’est appuyée sur les sources documentaires publiques disponibles, notamment des rapports publiés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) et par l’organisation non gouvernementale Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED) qui mettent en évidence la dégradation de la situation prévalant dans cette partie du pays, où les populations civiles sont délibérément ciblées par les forces armées pro-gouvernementales, qui y combattent depuis plusieurs mois les rebelles de l’Armée de libération oromo (OLA) aussi dénommée « FLO-Shane ». Le recoupement et l’analyse de ces éléments ont permis à la Cour de considérer qu’à la date de sa décision, les zones précitées étaient en proie à une situation de violence aveugle d’exceptionnelle intensité justifiant l’octroi de la protection subsidiaire prévue par le droit européen.
CNDA, 12 juillet 2023, M. B., n°20031224 C+
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